UEMOA: Redynamiser le transport maritime en Afrique

«Le temps est un véritable problème dans les ports»
Du 11 au 13 février 2020 s’est tenue à Cotonou la quatrième réunion du Comité consultatif sur les transports maritimes. Une rencontre au cours de laquelle plusieurs questions liées aux transports maritimes sont étudiées. Monsieur Adébayo Samson Balogoun est le directeur des transports au sein de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Il est l’un des participants à cette rencontre et nous parle dans cette interview des objectifs de cette réunion et les obstacles qui entravent le développement du transport maritime dans la zone Uemoa.
Quels sont les objectifs de cette rencontre?
Dans le cadre des réformes communautaires allant dans le sens de la promotion des transports maritimes, il a été mis en place un cadre institutionnel notamment le comité consultatif des transports maritimes. Ce comité a pour mission d’accompagner la commission de l’Uemoa dans la mise en œuvre du programme de recherche des transports maritimes. Ce comité donne ses avis techniques sur les dossiers sensibles qui concernent la promotion des transports maritimes dans notre espace et il revient maintenant aux Etats et à la Commission de l’Uemoa de les mettre en œuvre. Pour cette réunion, un certain nombre de textes ont été adoptés par le conseil des ministres depuis 2008 et la commission de l’Uemoa a essayé de prendre des textes d’application en 2018 et 2019. Parmi ces textes, il y en a un qui prévoit des fonds nationaux et un fonds régional pour assurer la promotion du transport maritime. Aujourd’hui, nous sommes en train d’échanger sur l’état de mise en œuvre de ces fonds au niveau de l’État et essayez de voir les obstacles que rencontrent les États parce que depuis le 1er janvier 2020, ce fonds doit être opérationnel au niveau de chaque Etat. Nous abordons aussi les questions d’actualité notamment la coopération entre les Etats et les commissions régionales et internationales.
Quel est l’état de la coopération entre les pays membres de l’Uemoa en matière de transport maritime?
Il existe une coopération étroite entre la Commission de l’Uemoa et les États à travers le programme régional de transport maritime. Ce programme permet d’échanger sur l’ensemble des actions à mener pour assurer le développement du transport maritime. Ce secteur est très important pour nous, il permet d’échanger avec l’extérieur et de renforcer les échanges avec les pays de l’arrière-pays parce que trois (03) pays de l’hinterland de l’espace Uemoa passent par les pays reçus la mer pour effectuer le commerce international. Donc, on peut dire que c’est un lieu d’échanges, de brassage et de coopération entre les pays de l’intérieur et les États côtiers en ce qui concerne le développement du transport maritime et portuaire.
Quelles sont les difficultés rencontrées sont confrontées aux pays de l’Uemoa dans le domaine du transport maritime?
Les problèmes sont nombreux et il faut que les défis soient relevés, c’est pourquoi le programme est prévu pour être mis en œuvre. En matière de défis, nous avons la modernisation des ports pour qu’ils assument leur rôle en termes de trafic. Nous avons aussi les problèmes de passage portuaire c’est-à-dire le temps que les gens mettent au port pour pouvoir échanger les marchandises. Si un client doit passer un (01) mois voire trois (03) semaines au port pour sortir des marchandises du port, cela devient un véritable problème surtout lorsqu’il s’agit des produits périssables. Il y a aussi le problème du coût qui est élevé à comparer avec ce qui se passe ailleurs. Lorsqu’une marchandise quitte ici pour aller en Chine coûte plus cher que quitte la Chine pour ici.
Est-il possible aujourd’hui d’harmoniser les taxes douanières au niveau des ports de l’espace Uemoa?
La chose est possible. Si nous faisons un éventaire pour connaitre les problèmes, sur pourra proposer aux États, après une étude approfondie, d’harmoniser les coûts en tenant compte de la souveraineté de chaque État en ce qui concerne les questions de taxes et de fiscalité. Nous pouvons aussi accompagner ce sujet par des conseils et amélioration.
Y aura-t-il une solution spéciale pour les pays de l’hinterland?
Les pays de l’hinterland sont également membres de la communauté portuaire. Ils siègent au conseil d’administration des ports. La coopération est très forte entre les pays côtiers et ceux de l’hinterland. Donc, ces derniers ont reçu de nombreux avantages pour leur faciliter le transport de leurs marchandises.
Les pays côtiers de l’espace Uemoa sont aujourd’hui confrontés au phénomène de la piraterie maritime. Quelles sont les solutions envisagées par l’Uemoa?
Il faut dire que la Commission de l’Uemoa est très préoccupée par la question de la piraterie maritime dans son espace et souscrit aux actions au niveau international. Il existe des zones de sécurité et la Commission de l’Uemoa a pour mission d’accompagner les Etats à assumer leur rôle au sein de ces zones maritimes. Nous veillons pour que tous les textes règlementaires sur le plan international soient appliqués au niveau de chaque Etat.
Les États de l’Uemoa auraient-ils des moyens pour affronter la piraterie maritime?
Non, un seul Etat ne peut pas jouer ce rôle. Il faut la coopération entre les Etats et comprend les pays de l’automobile la piraterie a un impact négatif sur le transport maritime et c’est pourquoi il faut mobiliser tous les moyens pour enrayer définitivement ce fléau.
Propos recueillis par Jean-Discipline Adjomassokou
Photo: Hubert Kidjassou